LES FUSILLES DE TOURAINE - LA STELE DU RUCHARD
30 sept. 2018
À quelques kilomètres au sud d’Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire), en bordure du Camp du Ruchard se dresse une stèle à la mémoire des Fusillés et Massacrés de Touraine.
Le camp du Ruchard
Le camp militaire du Ruchard est créé en 1873. Une école de tir y est implantée en 1875 et perdure jusqu'en 1914.
En 1914, le lieu est utilisé comme un camp pour les prisonniers allemands, ensuite il va devenir un lieu de convalescence pour les soldats belges malades ou blessés au front.
Pendant l'entre-deux-guerres, le camp accueillent des troupes montées comme les spahis et les premiers régiments de blindés.
Au début de la seconde guerre mondiale, le camp va se transformer et devenir un camp d'internement pour les prisonniers de droit commun français et également pour les étrangers, Allemands pour la plupart.
En 1940, la 46e Division d'Infanterie Allemande, s'y installe et l'utilise comme terrain d'entraînement pour les troupes hitlériennes. On y tourne des films de propagande.
En 1944, le camp du Ruchard reprend du service auprès de l'armée Française.
De nos jours le camp du Ruchard est utilisé comme terrain d'entraînement aux stagiaires des écoles de la logistique et du train.
Les fusillés du Ruchard
En 1942 le camp du Ruchard devient un lieu de massacre.
- Le 16 mai 1942, cinq jeunes communistes tourangeaux, arrêtés par la police française et livrés à l’occupant, sont condamnés à mort pour activités anti-allemandes. Ce sont les premiers fusillés de Touraine.
Les noms des cinq jeunes fusillés: André Anguille - Maxime Bourdon - Robert Couillaud - André Foussier - Robert Guilbaud condamnés à mort après un simulacre de procès.
Dès le mois d'août 1940, ils avaient été de ceux qui avaient diffusé dans la population l'appel à la lutte lancé par Maurice Thorez et Jacques Duclos au nom du Parti Communiste.
Trois autres résistants internés à Fontevrault, fusillés au Ruchard comme otages le même jour que les jeunes communistes : André Robert - Marcel Mallet - Marcel Martet
- Le 27 octobre 1942, sept autres résistants, des membres des Francs -Tireurs et Partisans du groupe Touraine, condamnés à mort par le conseil militaire allemand de Tours sont fusillés dans la tranchée de tir à laquelle on donnera, plus tard, le nom de « Tranchée des Fusillés ».
Les noms des sept fusillés: Louis André - Lucien Arnoult - Maurice Beaufils Georges Bernard - Gaston Biéret - Paul Désormeaux - Louis Girod.
L'histoire de la stèle :
En ce lieu, le 10 octobre 1982, grâce à une souscription publique à l’initiative du « Comité d’érection de la stèle du camp du Ruchard », association créée à cette occasion par des bénévoles membres de l’ANACR et de la FNDIRP départementales, une première stèle, dédiée à la mémoire des 15 résistants fusillés au camp du Ruchard les 16 mai et 27 octobre 1942, a été érigée pour le 40e anniversaire de leur sacrifice.
L’inauguration s’est déroulée en présence de représentants des autorités civiles et militaires, de nombreux élus, de deux délégations allemandes, l’une de Senftenberg (ville de RDA jumelée avec Saint-Pierre-des-Corps), l’autre représentant l’Association des victimes du nazisme et la ligue antifasciste de Mulheim (ville de RFA jumelée avec Tours), d’un détachement de l’Ecole d’application du train, de musiciens de la 13e division militaire, ainsi que d’une foule considérable.
* En 1992, la stèle en pierre dure est remplacée par une stèle en marbre (l'ancienne stèle est transférée au carré des fusillés du cimetière de St Pierre-des-Corps en 2009, puis entièrement restaurée en 2015).
En étroite collaboration avec la direction du camp militaire, un panneau du Souvenir est implanté sur les lieux de l’exécution.
* En 1993, 15 cyprès de Leyland sont plantés, entourant la stèle pour la mettre en valeur.
* En 2007, l’association de bénévoles, élargie aux Familles de fusillés et victimes tourangelles de la barbarie nazie, forme un nouveau « Comité de la stèle du camp du Ruchard – Mémoire des fusillés et massacrés de Touraine » qui prend le relais du Comité d’érection, poursuivant sa tâche, et élargissant le champ du travail de mémoire.
* En 2009, le fléchage routier permettant d’accéder localement à la « stèle des Résistants fusillés » est réalisé.
* En 2010, un panneau-mémoire, rappelant la Résistance en Touraine de 1940 à 1944 et les exactions subies par sa population, est installé près de la stèle, les militaires du camp du Ruchard assurant son implantation.
* En 2012, une plaquette reprenant les éléments du panneau de 2010, à destination des mairies, bibliothèques, offices de tourisme … , tirée à 20 000 exemplaires, est diffusée dans le département.
La " Tranchée des Fusillés" inaugurée le 16 mai 1992.
Portraits des fusillés
ANGUILLE André
Né le 14 avril 1920 à Aubigné-Racan (Sarthe), fusillé après condamnation à mort le 16 mai 1942 à Avon-les-Roches (Indre-et-Loire) ; ferreur ou ajusteur à la SNCF ; résistant FTPF.
Fils d’un cheminot du Paris-Orléans, Jules Anguille, et de Angelina Loizillon, André Anguille cheminot lui-même, était domicilié à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) chez ses parents, 21 rue Martin-Audenet. Il participa à partir de décembre 1941 aux actions de la résistance armée communiste, devenue par la suite le groupe Francs-tireurs et partisans français (FTPF) Touraine. Il fut arrêté par la police française alors qu’il collait des affiches « Appel à la population française pour chasser l’ennemi » avec Robert Couillaud et Robert Guilbaud le 30 avril 1942 et remis aux autorités allemandes le lendemain.
Condamné à mort le 14 mai 1942, il a été fusillé deux jours plus tard avec ses deux camarades. S’y ajoutèrent Maxime Bourdon et André Foussier , tous communistes.
Il fut reconnu Interné Résistant en 1953. Une rue de Saint-Pierre-de-Corps porte son nom.
BOURDON Maxime
Né le 27 mars 1917 à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), fusillé le 16 mai 1942 au camp du Ruchard (Avon-les-Roches, Indre-et-Loire) ; ajusteur ; membre des Jeunesses communistes, résistant au sein du Front national et membre des FTPF.
Fils d’Alfred Aimé Bourdon et de Marie Rose Sorel, Maxime Bourdon, orphelin de guerre, élevé par sa grand-mère, résidait à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) et travaillait comme ajusteur aux usines Rocher-Rooy.
Il devint l’un des responsables départementaux de la Jeunesse communiste.Il participa notamment à l’attentat manqué contre Marcel Déat, président du Rassemblement National Populaire, lors de la réunion du 16 mars 1942 au théâtre de Tours.
Il fut arrêté le 30 avril 1942 (le 4 mai selon une autre source) à Tours (Indre-et-Loire) par la police française pour « distribution de tracts et propagande communiste ». Il fut battu par les policiers français et torturé par la police allemande, emprisonné à la prison de Tours puis remis aux autorités allemandes.
Lorsqu’il passa devant le tribunal militaire allemand de Tours (FK 588), l’avocat commis d’office et qui avait de plus la réputation d’être un collaborateur, déclara que les cinq co-inculpés regrettaient leur action, Maxime Bourbon se dressa et déclara : « Nous ne vous avons pas choisi. Vous n’êtes donc pas qualifié pour parler en notre nom. Nous ne regrettons rien, sinon de ne pas en avoir fait plus ». Ils auraient chanté l’Internationale et La Marseillaise.
Condamné à mort le 14 mai 1942 avec quatre autres FTPF Maxime Bourdon a été fusillé le 16 mai 1942 au camp du Ruchard.
Il a été enterré au cimetière communal de Saint-Pierre-des-Corps et sa sépulture porte l’inscription « Maxime Bourdon, fusillé par les Allemands le 16 mai 1942 à l’âge de 25 ans ».
Il obtint la mention « Mort pour la France ».
COUILLAUD Robert
Né le 16 janvier 1915 à Tours (Indre-et-Loire), fusillé après condamnation à mort le 16 mai 1942 au camp du Ruchard (Avons-les-Roches, Indre-et-Loire) ; ajusteur-outilleur pour les chemins de fer ; militant communiste ; résistant, membre du Front national.
Fils de Maximin Couillaud, peintre en bâtiment, et de Anna Joséphine Hardy, sans profession, Robert Couillaud fut adopté par la Nation en octobre 1921. Ouvrier métallurgiste, il vivait à Tours 22 rue des Docks et était célibataire.
Le 30 avril 1942, il fut arrêté à Tours pour « distribution de tracts et propagande communiste ». Membre du Front national et militant communiste, il semble qu’il ait été arrêté en prévention d’un projet de distribution de tracts clandestins le 1er mai.
Incarcéré à la prison de Tours, Robert Couillaud fut condamné à mort le 14 mai suivant par le tribunal militaire allemand FK 588 de Tours.
Reconnu -Mort pour la France-, son nom figure sur les stèles commémoratives de la Seconde Guerre mondiale d’Avons-les-Roches, de Saint-Pierre-des-Corps et de Tours.
FOUSSIER André
Né le 15 novembre 1919 à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), fusillé le 16 mai 1942 à Avon-les-Roches (Indre-et-Loire) ; étudiant en pharmacie ; résistant communiste.
Fils d’un employé des chemins de fer, André Foussier était l’unique enfant de la famille. Il adhéra en 1934 aux Jeunesses communistes puis entreprit ses études de médecine et de pharmacie. Il fut responsable du journal la Lanterne. Mobilisé en juin 1940, il fut versé dans les Chantiers de la jeunesse à Agen (Lot-et-Garonne). Libéré en février 1941, il regagna sa ville natale et entra très vite dans la Résistance. Il lança un journal clandestin destiné aux étudiants, La Lanterne, et participa activement à l’organisation de la manifestation du 1er mai 1942 devant la Kommandantur de Tours. Il fut arrêté le 7 mai selon la mairie de Saint-Pierre-des-Corps et selon la famille, le 30 avril 1942 selon son dossier au secrétariat d’État aux Anciens Combattants. Sa mère prévint ses amis de résistance et leur donna les papiers qu’il avait caché sous un latte de parquet. André Foussier, torturé, ne parla pas.
Condamné à mort le 14 mai 1942, il a été fusillé le 16 mai.
Sa mère se suicida le 21 août suivant et son père fit de même le jour des obsèques de sa femme.
Le doyen de la faculté de médecine de Tours avait tenté d’obtenir sa grâce, sans succès.
André Foussier fut homologué adjudant-chef FFI.
Son oncle maternel, André Berther, bottier, communiste, révolté par la la tragédie qui touchait cette famille, entra en résistance et s’occupa des enfants juifs. Il recueillit ainsi Rachel Gebrowicz-Berthet qui avait deux ans, la remis à sa mère lorsqu’elle eut 15 ans (son père était mort en camp), et l’adopta après la mort de celle-ci. Elle fit reconnaitre la famille comme Justes.
GUILBAULT Robert
Né le 28 mars 1920 à Châteauroux (Indre), fusillé le 16 mai 1942 à Avon-les-Roches (Indre-et-Loire) ; peintre décorateur ; résistant communiste.
Célibataire, peintre décorateur domicilié à Tours (Indre-et-Loire), Robert Guilbault participa à la résistance communiste à partir du mois de décembre 1941.
Arrêté le 30 avril 1942 à Tours par la police française pour distribution « de tracts et propagande communiste », il fut condamné à mort par le tribunal militaire allemand de Tours (FK 588) le 14 mai 1942 et fusillé deux jours plus tard, le 16, au camp du Ruchard à Avon-les-Roches.
ANDRÉ Robert
Né le 13 octobre 1905 à Mayenne (Mayenne), fusillé comme otage le 16 mai 1942 au camp du Ruchard (Avon-les-Roches, Indre-et-Loire) ; militant communiste ; chauffeur de taxi.
Fils de Antoine Marius André et de Pauline Carré,Robert André était Pupille de l’assistance publique. Marié depuis 1930, il était domicilié à Montigné-le-Brillant près de Laval (Mayenne).
Avec son camarade communiste Marcel Martel, il distribuait des tracts et sabotait des lignes téléphoniques. Arrêtés par les autorités allemandes le 5 décembre 1941 avec huit autres militants communistes pour propagande anti-nationale, il fut condamné par la cour spéciale d’Angers à douze années de travaux forcés le 19 février 1942, puis emprisonné à Tours (Indre-et-Loire) et ensuite dans la maison centrale de l’abbaye de Fontevrault.
Robert André a été fusillé comme otage le 16 mai 1942 aux côtés de cinq membres des jeunesses communistes d’Indre-et-Loire condamnés à mort, et des otages en représailles à l’attentat du 2 mai 1942 à Saint-Aubin-les-Elbeuf (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) contre quatre marins allemands dont deux d’entre eux décédèrent au cours de leur transport vers l’hôpital.
Les suppliciés tombèrent en refusant d’avoir les yeux bandés et criant "Vive la France !".
Il a été inhumé à Villaines-les-Rochers.
Robert André a été reconnu Mort pour la France.
Né le 4 septembre 1896 à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), fusillé comme otage le 16 mai 1942 au champ de manœuvres du camp du Ruchard, commune d’Avon-les-Roches (Indre-et-Loire) ; magasinier ; militant communiste.
Divorcé d’Alice, Estelle Magnier, Marcel Mallet épousa en secondes noces Anna, Églantine Rousseau, née le 24 février 1885 à Mouilleron-en-Pareds (Vendée). Il travaillait comme mécanicien en cycles de formation. Devenu wattman puis magasinier à la Compagnie des Autobus vendéens à Fontenay-le-Comte (Vendée), il était secrétaire du syndicat CGT et délégué du personnel. Licencié après la grève dans son entreprise en septembre 1936, il fut réembauché en 1937.
Élu membre de la commission administrative (CA) de l’UD-CGT de Vendée au congrès départemental en janvier 1937, il devint secrétaire de l’Union locale de Fontenay en 1938.
Militant communiste, secrétaire de la section du Parti communiste de cette ville au sein d’une des trois cellules (la cellule Pierre Chaigne) en 1938, il fit l’objet d’une surveillance accrue à partir de 1939. Il était alors domicilié 8 rue Benjamin-Fillon à Fontenay-le-Comte. Dès la dissolution du PCF par le gouvernement d’Édouard Daladier, le 26 septembre 1939, il aurait cessé toute activité et détruit toutes ses brochures communistes. Cependant, au début de 1941, il était surveillé par la police française de Fontenay qui le soupçonnait d’appartenir à l’organisation clandestine du PCF. Il était entré dans la résistance dans le groupe OS (Organisation spéciale), et fut victime d’une provocation policière. Trouvé porteur de tracts que venait de lui remettre Henri Guédon, ex militant communiste qui s’était mis au service de la police, il fut arrêté avec quatre camarades dont Noël Bertin et Robert Robuchon, le 10 juin 1941 sur dénonciation par le Service de police anticommuniste (SPAC) d’Angers. L’arrestation fut opérée par quatre policiers de la brigade mobile d’Angers, parmi lesquels le commissaire Yvonnet et l’inspecteur Lavalette, assistés par le commissaire de police de Fontenay-le-Comte Le Berrigau et son secrétaire Randonnet. D’après le témoignage de Marinette Delvaux, Marcel Mallet aurait essayé de délivrer des camarades emprisonnés à Fontenay-le-Comte. Successivement interné à la maison d’arrêt de Niort (Deux-Sèvres), puis à Poitiers (Vienne), Marcel Mallet fut condamné à sept ans de réclusion pour « pour menées communistes » par la Section spéciale de la cour d’appel de Poitiers le 4 octobre 1941, et transféré à la maison centrale de Fontevraud (Maine-et-Loire) pour y purger sa peine. Il fut livré aux Allemands à la prison de Tours le 13 mai 1942. Marcel Mallet fut exécuté comme otage, le 16 mai 1942, à 10 h 20, au champ de manœuvres du camp du Ruchard, commune d’Avon-les-Roches (Indre-et-Loire), en représailles à l’attentat du 2 mai 1942 à Saint-Aubin-Lès-Elbeuf et rue de Sotteville à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) où deux marins allemands trouvèrent la mort. Avec lui furent exécutés deux autres otages et cinq jeunes communistes tourangeaux.
Il fut reconnu « Mort pour la France » le 2 avril 1947. À la Libération, une stèle fut érigée au camp du Ruchard à la mémoire des fusillés, puis un nouveau monument inauguré le 10 octobre 1982. Une impasse porte son nom à La Roche-sur-Yon.
MARTEL Marcel
Né le 7 octobre 1913 à Juvigny-sous-Andaine (Orne), fusillé comme otage le 16 mai 1942 au camp du Ruchard (Avon-les-Roches, Indre-et-Loire) ; employé des PTT ; militant communiste.
Fils de Félix-François Martel et de Maria, Louise Chivard, cultivateurs, Marcel Martel, employé des PTT, vivait à L’Aigle (Orne). Il s’était marié le 5 septembre 1936 à L’Aigle avec Raymonde Begue et n’avait pas d’enfants.
En décembre 1941, il fut arrêté à L’Aigle par la gendarmerie française pour « activité communiste ». Membre d’une organisation communiste clandestine de propagande, Marcel Martel avait en effet distribué massivement des tracts du Parti communiste clandestin à L’Aigle et Laval (Mayenne). Lorsque la gendarmerie vint perquisitionner à son domicile, elle y découvrit du matériel d’impression.
Marcel Martel fut alors incarcéré à la prison centrale de Fontevrault-l’Abbaye (Fontevraud, Maine-et-Loire). Le 19 février 1942, l’administration judiciaire de la Section spéciale d’Angers (Maine-et-Loire) le condamna à dix ans de travaux forcés et dix ans d’interdiction de séjour. Transféré à la prison de Tours (Indre-et-Loire), Marcel Martel fut néanmoins désigné comme otage par les autorités allemandes, puis fusillé comme tel le 16 mai 1942 au camp du Ruchard par celles-ci.
GIROD Louis
Né le 22 janvier 1908 à Tours (Indre-et-Loire), fusillé le 27 octobre 1942 à Avon-les-Roches (Indre-et-Loire) ; menuiser ; résistant FTPF d’Indre-et-Loire et au sein de l’Organisation spéciale (OS)
Marié et père de deux enfants, Louis Girod était domicilié à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire). Il participa à l’action clandestine dès le mois d’avril 1941 et entra par la suite aux Francs-tireurs et partisans (FTP).
Il aurait lui-même reconnu être l’auteur de trois attentats à la bombe à Tours (Indre-et-Loire). De même, il participa au déraillement du train Bordeaux-Paris le 12 janvier 1942, à l’attentat de la sous-station électrique à Saint-Pierre-des-Corps le 1er mai 1942 et au dynamitage d’un pylône haute tension le 5 juin 1942.
Arrêté par les autorités allemandes le 13 juin 1942 à Saint-Pierre-des-Corps, pour « actes de franc-tireur », Louis Girod fut condamné à mort par le tribunal militaire allemand FK 588 de Tours le 23 octobre 1942 puis fusillé au camp du Ruchard à Avon-les-Roches le 27 octobre 1942.
Il fut homologué, à titre posthume, sergent des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
ANDRÉ Louis
Né le 22 janvier 1899 à Montluçon (Allier), fusillé par condamnation le 27 octobre 1942 à Avon-les-Roches (Indre-et-Loire) ; mécanicien-ajusteur ; résistant FTP de Touraine.
Fils de Gilbert André, conducteur de train, et de Solange Chrétien, sans profession, Louis André était domicilié à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), 61 rue de la Noue.Il se maria le 20 décembre 1924 à Tours ( Indre-et-Loire ) avec Marguerite Décréon, le couple eut deux enfants. Artisan mécanicien, il avait un atelier à Saint-Pierre-des-Corps.
Avec des camarades, il fabriqua les bombes qui servirent aux attentats.
À Tours, il participa notamment à l’exécution d’un officier allemand rue Roger Salengro le 27 décembre 1941, à l’attentat à la bombe contre un immeuble de la Gestapo rue de la Chevallerie le 12 janvier 1942, à celui contre le siège du Rassemblement National Populaire le 1er avril 1942, ainsi qu’ au dynamitage du transformateur des Épines-Fortes à Saint-Pierre-des-Corps le 1er mai 1942, et au déraillement d’un train à Monts (Indre-et-Loire) à la poudrerie du Ripault le 19 juin 1942.
Arrêté à l’été 1942, il fut condamné à mort par le Tribunal militaire allemand de Tours (FK 588) le 23 octobre 1942 en représailles de l’attentat du 2 mai 1942 à Saint-Aubin-les-Elbeuf (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) contre quatre marins allemands. Deux d’entre eux furent touchés et décédèrent au cours de leur transport vers l’hôpital.
Louis André a été fusillé le 27 octobre 1942 dans un groupe de sept résistants, au camp militaire du Ruchard situé dans les environs d’Avon-les-Roches et Villaines-les-Rochers.
Inhumé à Villaines-les-Rochers après son exécution, le 3 février 1945 il fut inhumé une nouvelle fois dans le carré de corps restitués du cimetière de Saint-Pierre -des-Corps ; à l’entrée, une stèle rappelle les dix-sept fusillades de résistants commises les 16 mai et 27 octobre 1942 au camp militaire du Ruchard. Son nom est inscrit sur le monument aux morts et sur les stèles commémoratives de la commune ainsi que sur celle d’Avon-les-Roches.
Reconnu lieutenant des Forces Françaises de l’Intérieur FFI, Louis André a reçu la mention « Mort pour la France » par décision du Ministère des Anciens Combattants du 23 juin 1947.
ARNOULT Lucien
Né le 25 août 1913 à Vernou-sur-Brême (Indre-et-Loire), fusillé par condamnation le 27 octobre 1942 à Avon-les-Roches (Indre-et-Loire) ; jardinier à la ville de Tours ; FTPF.
Fils d’un vigneron, domicilié à Tours, marié le 14 octobre 1936 avec Paulette Vaultier en Saône-et-Loire, père de deux enfants, jardinier municipal, Lucien Arnoult Il fut membre de l’OS (Organisation spéciale) puis des FTPF et participa à des sabotages. Il fut arrêté le 15 ou 17 juin 1942 à Vernon-sur-Brenne (Indre-et-Loire) et interné à la prison de Tours. Il reconnut être l’auteur des trois attentats à la bombe commis à Tours le 12 janvier 1942 dans les bureaux de l’armée d’occupation.
Le tribunal de la Feldkommandantur 588 de Tours le condamna à mort le 23 octobre 1942. Il a été fusillé e 27 octobre 1942 au camp de Ruchard, à Avon-les-Roches (Indre-et-Loire).
Lucien Arnoult fut homologué à titre posthume caporal FFI.
BEAUFILS Maurice
Né le 18 septembre 1921 à Loches (Indre-et-Loire), fusillé par condamnation le 27 octobre 1942 au camp du Ruchard (Avon-les-Roches, Indre-et-Loire) ; tourneur sur métaux ; résistant FTP d’Indre-et-Loire.
Fils d’Émile Beaufils, mécanicien, et d’Yvonne Girard, sans profession, Maurice Beaufils s’était marié à Tours (Indre-et-Loire) le 21 septembre 1940 avec Antoinette Biais. Il habitait à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) et avait un fils né le 26 février 1941. Militant des Jeunesses communistes, il entra en avril 1941 dans la résistance communiste armée – son attestation dit les FTP – sous la direction de Paul Desormeaux et participa aux attentats commis sur la voie ferrée Paris-Bordeaux aux environs de Monts (Indre-et-Loire). Il fut arrêté le 8 juillet 1942 à La Croix-en-Touraine (une autre source dit le 25 juin 1942) chez ses parents par la Brigade spéciale française d’Angers. Torturé, incarcéré à la prison de Tours puis condamné à mort « pour rébellion » le 23 octobre 1942 par le tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur 588, il a été fusillé le 27 octobre 1942 avec six autres francs-tireurs. Le médecin militaire allemand a constaté que la mort avait eu lieu à 16 h 30.
Sa femme fut résistante.
Aucun acte de décès n’a été établi. C’est le tribunal civil de première instance de Chinon (Indre-et-Loire) qui le 8 décembre 1942 prononça un jugement déclaratif de décès.
Il fut homologué sergent-chef FFI.
BERNARD Georges
Né le 28 octobre 1921 à Tours (Indre-et-Loire), fusillé le 27 octobre 1942 au camp du Ruchard (Avon-les-Roches, Indre-et-Loire) ; ajusteur ; militant communiste ; résistant, membre des FTPF.
Fils de Gaston Bernard et de Germaine Revert, Georges Bernard fréquenta l’école primaire de Monts puis le collège Paul-Louis-Courrier à Tours où il obtint un CAP.
Adulte, marié et père d’un enfant Alain, Georges Bernard était domicilié à Tours, 8 rue du 4-septembre. Il travaillait dans l’usine Schmidt.
Il participa à l’organisation du Parti communiste clandestin de la ville et devint responsable des Bataillons de la jeunesse. Son groupe se retrouvait au café des époux Breton. Il participa à la distribution de tracts et la pose d’affiches.
Avec son groupe, Maxime Bourdon, Louis André, Maurice Beaufils, Robert Guérineau, Gilbert Séché et Fabienne Landy, il participa à un attentat lors de la venue de Marcel Déat à Tours le 26 mars 1942. Georges Bernard, porteur d’une bombe artisanale de deux kilos, fabriquée dans l’atelier de Saint-Pierre-des-Corps du résistant Louis André, fut chargé de mettre en route la bombe artisanale dans le théâtre devant accueillir la conférence du fondateur du Rassemblement national populaire (RNP). L’attentat échoua car la bombe jetée du troisième balcon n’explosa pas car la mèche en tombant se coupa sur le pupitre de Déat. Personne ne put quitter le théâtre avant que les autorités allemandes n’arrivent. Une femme accusa un homme portant un blouson marron. Georges Bernard et bien d’autres jeunes gens portaient ce même type de blouson, aussi, la femme ne put reconnaitre Georges Bernard. Par la suite, avec son groupe, il fit dérailler un train entre La Rabière (Joué-lès-Tours) et la gare de Monts.
Georges Bernard fut arrêté par les autorités allemandes le 29 juin 1942 à Tours, chez ses beaux-parents pour « terrorisme » ou selon une autre source pour « résistance communiste ».
Condamné à mort le 23 octobre 1942 par le tribunal militaire allemand de Tours (FK 588), Georges Bernard a été fusillé le 27 octobre 1942 au camp du Ruchard.
Inhumé au cimetière de Villaines-les-Rochers, il repose depuis le 3 février 1945 dans celui de Monts.
Georges Bernard a été reconnu -Mort pour la France-, mention du 4 août 1948.
DESORMEAUX Paul
Né le 10 décembre 1905 à Beauvais (Oise), fusillé par condamnation le 27 octobre 1942 au camp du Ruchard (Avons-les-Roches, Indre-et-Loire) ; ouvrier polisseur ; militant communiste dans la clandestinité ; résistant FTPF.
Ouvrier polisseur, fils de Vincent Desormeaux et de Julie Laurent, journaliers, Paul Desormeaux vivait à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) et militait à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT). Marié avec Madeleine, il était père de trois enfants.
Ajusteur à la CIMT, résistant communiste avec des travailleurs de son entreprise, il organisa en 1942 l’inter-région entre l’Indre-et-Loire et le Cher, et dirigea des sections de sabotage. Le 17 juin 1942, il fut arrêté à Saint-Pierre-des-Corps, à l’entrée de son usine, par les autorités allemandes pour « terrorisme, actes de franc-tireur et rébellion ». Torturé, il fut emmené plusieurs fois à l’hôpital.
Incarcéré à Tours (Indre-et-Loire), condamné à mort par le tribunal militaire allemand FK 588 de Tours le 23 octobre 1942, Paul Desormeaux a été fusillé le 27 octobre 1942 au camp du Ruchard (Avons-les-Roches) avec six autres résistants.
Son nom figure sur la stèle commémorative d’Avon-les-Roches et sur le monument aux morts de la Seconde Guerre mondiale de Saint-Pierre-des-Corps. Une rue de Saint-Pierre des Corps porte son nom. Il fut décoré de la Croix de guerre et fait chevalier de la Légion d’honneur.
Sa femme Madeleine, enceinte, fut également arrêtée et emprisonnée. Elle dira à Jean-Claude Guillon, "mes deux petits enfants sont morts par la faute de l’occupant".
BIÉRET Gaston
Né le 17 mai 1904 à Désertines (Allier), fusillé par condamnation le 27 octobre 1942 à Avon-les-Roches (Indre-et-Loire) ; contremaître d’usine ; résistant au sein des FTPF.
Fils d’un ouvrier ajusteur Jean Biéret et d’une couturière Marie Germain, frère de Louis Biéret et de Georges Biéret, marié à Mercedes Marie Bannier et père d’un enfant, Gaston Biéret était domicilié 1 rue Louis Blanc à Tours (Indre-et-Loire). Il fut arrêté le 17 juin 1942 dans cette ville par les autorités allemandes pour « activité de franc-tireur » FTPF. Sous les ordres de Paul Desormeaux, il distribuait des tracts (fournis par un nommé Chartier) et fut l’auteur de plusieurs attentats ferroviaires notamment celui contre la voie ferrée Paris-Bordeaux, le 12 janvier 1942.
Interné à la prison de Tours et condamné à mort par le tribunal militaire allemand de Tours (FK 588) le 23 octobre 1942 « pour activités communistes et plusieurs attentats ferroviaires », Gaston Biéret a été fusillé le 27 octobre suivant au camp du Ruchard à Avon-les-Roches avec 5 autres détenus. Les services de Vichy affirmèrent que prévenus trop tard, ils ne purent que constater son exécution.
Son frère Georges Biéret, instituteur, avait été fusillé comme otage le 21 septembre 1942 au Mont-Valérien.
Source : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article200024, notice Le camp du Ruchard pendant la Seconde Guerre mondiale par Christian Bourdon.
ADIRP 37-41
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