La stèle entourée du muret en pierre de pays

Ce samedi 3 octobre 2020 la 78ème cérémonie d’hommage aux résistants fusillés par les nazis les 16 mai et 27 octobre 1942 s’est déroulée sous une pluie battante et glaciale.

Le   « Comité de la stèle du camp du Ruchard – Mémoire des Fusillés et Massacrés de Touraine » avait pris toutes les mesures nécessaires pour faire respecter les consignes de sécurité dans le cadre de la pandémie de la COVID 19.

Après le recueillement des familles et dépôt de gerbe à la tranchée des fusillés située dans l’enceinte du camp du Ruchard la cérémonie a pu commencer sous la direction de Jean-Maurice Pialeport secrétaire du Comité de la stèle.

La tranchée des fusillés

26 porte-drapeaux étaient présents répartis autour de la stèle et devant le  muret en pierre de pays terminé quelques jours avant la cérémonie.

Les porte-drapeaux des associations patriotiques

La cérémonie était présidée par monsieur le sous-préfet de Chinon Michel Robquin.

Etaient présents parmi les élus et les représentants des associations :

- Mmes Fabienne Colboc (députée de la 4ème circonscription) – Isabelle Raimon-Pavero (sénatrice et conseillère départementale de Chinon).

- M. Jean-Gérard Paumier, président du conseil départemental

- les maires ou leurs représentants d’Avon-les-Roches, Vilaines les Rochers, Saint- Pierre-des-Corps, et Maillé.

- Mme Anne Degrieck, directrice de l’Office départementale de l'ONAC VG.

- Le général Bernard Vialatte, délégué général du Souvenir français

- Le général Eric Breuille, président départemental de l’UDAC

- M.Jean-Louis Cerceau, président de la FNACA 37

Etait excusé le commandant de réserve Bernard Aurenche qui devait représenter le général de division Philippe César Baldi.

Les autorités civiles et militaires et les familles des fusillés

L’Harmonie La Fuye de Tours participait à la cérémonie

Les différents dépôts de gerbes

Michel Robquin sous-préfet de Chinon

 Andrée Deroche, présidente du Comité de la stèle du Ruchard et Anne Degrieck, directrice départementale de l'ONAC VG

Hélène Bieret, présidente des Familles des Fusillés et Massacrés de Touraine

 Fabienne Colboc, députée de la 4ème circonscription

Isabelle Raimond-Pavero, sénatrice et conseillère départementale du canton de Chinon

 Jean Gérard Paumier, président du conseil départemental

Pascal Blanchard, maire d'Avon-les-Roches et Jean-Louis Rabusseau, ancien combattant d'AFN

Pascale Saulnier, adjointe à la mairie de Maillé, représentant le maire Bernard Eliaume

 

Emmanuel François, maire de Saint- Pierre-des-Corps

Marie-Annette Bergeot, maire de Vilaines-les -Rochers

Après les dépôts des gerbes, André Maillet président de l’ADIRP 37 (Association départementale des Déportés, Internés, Résistants, Patriotes et Familles) a rendu un vibrant hommage aux fusillés et massacrés de Touraine.

Le discours d'André Maillet

CÉRÉMONIE À LA STÈLE DU RUCHARD – 3 octobre 2020

(FNDIRP-ADIRP 37) – Daniel Gonon, André Maillet

Mesdames, messieurs les élus de la République,

Mesdames, messieurs les représentants des autorités civiles et militaires,

Mesdames, messieurs les familles de Fusillés et Massacrés,

Mesdames, messieurs les responsables d'associations d'Anciens Combattants,

Mesdames, Messieurs les Enseignants,

Chers amis, chers enfants.

Le 9 juillet dernier, s’éteignait Robert Dubois, 97 ans, résistant, déporté, rescapé… En 1942, avec un de ses camarades, il échappait au peloton d’exécution.

Revenons 78 ans en arrière. Nous sommes le 1er mai 1942, place Jean-Jaurès à Tours. Au mépris du danger, Robert, avec ses camarades du « Front National de lutte contre l’envahisseur », distribue des tracts appelant les Français à la Résistance. Mais les Allemands veillent. Ils sont aidés en cela par l’administration française. Les opposants, les « agitateurs », les communistes, les francs-maçons, les syndicalistes sont fichés. Les Allemands ont leurs noms et adresses.

Robert et ses amis, ils sont 8 à être arrêtés, sont torturés à Tours, au siège de la Gestapo, 17 rue George-Sand.

Le 14 mai, ils sont condamnés à la peine de mort par une justice militaire allemande expéditive qui siège au Palais de justice de Tours. Les Allemands pensent que la terreur va faire réfléchir ceux qu’ils appellent les « terroristes »…

Le 16 mai, 5 d’entre eux sont fusillés dans ce camp militaire du Ruchard. Premiers fusillés de Touraine. Ils étaient les camarades de Robert. Ils s’appelaient :

André Anguille - Maxime Bourdon - Robert Couillaud - André Foussier - Robert Guilbaud

          Robert Dubois et Pierre Deseuf sont graciés. Graciés, mais incarcérés comme otages à la prison de Tours.

Graciés ! Mais pourquoi ?

Parce qu’il n’y a pas de preuve formelle de leur appartenance à un groupe communiste.

Malgré les menaces, les coups, les tortures, leurs 5 camarades condamnés n’ont rien révélé, avant d’être fusillés…

Ces 5 résistants ont permis à Robert Dubois et Pierre Deseuf de revenir en 1945, rescapés de la Déportation et, comme tant d’autres, de témoigner.

Mais, en 1942, les exécutions ne s’arrêtèrent pas là.

Nous rendons hommage aujourd’hui comme nous le faisons chaque année, aux 15 résistants fusillés le 16 mai et le 27 octobre 1942 en cette lande du Ruchard et, au-delà, à tous les fusillés et massacrés d'Indre-et Loire qui jusqu'au 9 août 1944 à Saint-Symphorien puis au 25 août 1944 à Maillé furent victimes de l’acharnement de l’occupant nazi et des traîtres français.

Ces jeunes participaient à la Résistance. Ils avaient choisi la voie difficile du combat contre l’occupant et le gouvernement de Pétain. Ils luttaient pour des valeurs universelles, pour la liberté, le progrès social mais aussi contre toutes les formes de racisme et de discrimination qui s’attaquaient aux juifs, aux tsiganes, aux homosexuels, aux handicapés... Le retour à la démocratie était leur objectif. Ils appartenaient aux groupes Francs-Tireurs et Partisans Français mais aussi à d’autres mouvements de la Résistance.

Comment ne pas oublier tous ces jeunes et adultes et leur sacrifice ?

Par cette cérémonie annuelle.

En maintenant sur cette lande du Ruchard, ce lieu symbolique à quelques centaines de mètres de la tranchée où ils furent fusillés. Un lieu qui interpelle ceux qui y viennent mais aussi ceux qui y passent et parfois s’y arrêtent.

Aujourd’hui cette stèle, débarrassée de ses thuyas devenus encombrants, encadrée de ce nouveau muret symbolique en pierre du pays nous rappelle à jamais le courage, le sacrifice de ces jeunes combattants.

Ils ont donné leur vie pour que nous vivions dans un pays libre et démocratique. Il est de notre devoir de continuer leur combat parce que les valeurs qu’ils défendaient sont encore celles d’aujourd’hui.

Face à ceux qui veulent récrire l’histoire nous affirmons que seules ces idées nous permettront de continuer à vivre ensemble dans un pays de liberté, d’égalité et de fraternité.

Je vous remercie de votre attention.

 

A l’issue du discours,  Monsieur le sous-préfet a  demandé de clore la cérémonie compte tenu des conditions climatiques, les porte-drapeaux étant transis de froid.

 

Mmes Fabienne Colboc députée et Isabelle Raimond-Pavéro sénatrice avaient prévu de lire chacune un message. Nous avons pu les récupérer.

Le message de Mme la députée Fabienne Colboc

Cérémonie à la Stèle du Ruchard à Avon-les-Roches

Ici, il y a 78 ans, les enfants de la patrie, nos enfants, les 1ers fusillés de Touraine, tombaient sous les balles des occupants.
15, ils étaient 15. Ils avaient des rêves, des valeurs, des idéaux. Ils étaient épris de liberté. Ils sont devenus résistants, pour la sauver.
Leurs exécutions ont été prononcées pour faire taire la résistance…ce que ne pouvait imaginer l’ennemi c’est qu’elles ont été un détonateur important dans la lutte contre la barbarie et contre l’ignominie.
Je voudrais en ce jour rendre hommage à ces jeunes héros et aux valeurs qu’ils portaient en eux.
Je voudrais rendre hommage à tous ceux qui sont tombés pour la France, à tous ceux qui refusaient le totalitarisme, qui ne voulaient pas vivre à genoux et qui ont toujours cru en les valeurs de la République.
Je suis convaincue que c’est dans la connaissance du passé que les générations futures peuvent construire un avenir commun, un « vivre ensemble » serein basé sur la tolérance dans le respect des lois et des valeurs de notre pays.
En ce sens, je suis ravie que le Comité de la Stèle du camp du Ruchard ait cette année reçu une subvention du Fonds pour le Développement de la Vie Associatif pour la rénovation du site de la stèle aux fusillés du camp du Ruchard.
Cette subvention de 1.000 euros permettra de pérenniser un peu plus ce lieu de mémoire.
Les fusillés du camp du Ruchard doivent vivre et ce monument, cette stèle, ce symbole érigé en mémoire, doit poursuivre sa mission de rassemblement, de communion, de lieu commun où les pluriels se rassemblent pour rappeler toujours et encore la singularité dramatique de cet évènement, de ce souvenir.
Je remercie le Comité de la Stèle du Camp du Ruchard d’avoir maintenu cette cérémonie, dans le contexte que nous connaissons.
Ces moments de rassemblement, de souvenir, d’unité sont d’autant plus importants dans les temps que nous connaissons et traversons.

 

Le message de Mme la sénatrice et conseillère départementale  Isabelle Raimon-Pavero

Commémoration devant la stèle du camp du Ruchard pour rendre hommage à la mémoire des 15 résistants fusillés en mai et en Octobre 1942.

Tous ont légué un exemple de courage et d’abnégation, n’ont pas accepté les discours de ceux qui parlaient d’honneur en capitulant. Ils n’ont pas supporté la trahison et l’infamie.

Ne les oublions jamais. Se souvenir de la Résistance est nécessaire, vital comme l’air que nous respirons et dont on ne prend conscience que lorsqu’il se raréfie.

Lucie Aubrac, grande résistante s’exprimait ainsi :
« Résister est un verbe qui se conjugue toujours au présent. Il ne faut jamais se résigner et lutter contre toute résurgence du fascisme ».

Ces valeurs pour lesquelles ces hommes se sont battus et sont tombés sont celles de la République.

Elles sont aussi celles humaines d’Avon-les-Roches, commune de courage et de souffrances indicibles où se perpétue la puissance de l’humanisme qui caractérise son histoire.

Cette cérémonie nous rappelle que nous devons sans cesse lutter avec force et détermination contre l’oubli, il faut sans relâche agir contre la banalisation du mal et de la haine.
Inlassablement luttons contre l’ignorance. Jamais la République ne cédera. Ils ont combattu pour notre pays, pour nos libertés et pour notre idéal. Ces héros sont l’honneur de la France.

 

Vive la République
Vive la France 

Remerciements à Josiane Bastard d’Avon Patrimoine de nous avoir fourni les photos de la cérémonie.

Notre site :  adirp37-41.over-blog.com

Nous contacter :  adirp.37@orange.fr

 

 

 

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