L’Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance (ANACR) organisait ce jeudi 25 janvier 2024 une conférence  avec la participation de  Jean Vigreux, professeur d’Histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne Franche-Comté, qui est venu parler de son livre « RINO DELLA NEGRA  FOOTBALLEUR ET PARTISAN »

Cette conférence s'est tenue dans  la salle de la Médaille à Saint-Pierre-des-Corps. Jean Soury président de l'ANACR 37  était  présent.

Une vue de l'assistance

Jacques Ducol au nom de l'ANACR  a remercié le public d'être venu nombreux assister à cette conférence.

 

Bonsoir à tous,

            Au nom de l’ANACR 37,  je vous remercie d’avoir répondu à notre invitation, que vous soyez ici à titre individuel ou comme représentant d’une organisation. Mes remerciements également à la municipalité pour l’utilisation à titre gracieux de cette salle et de son matériel, au personnel du service Information, à tous ceux qui se sont excusés de ne pas pouvoir être avec nous ce soir, à Fabienne, la librairie de L’Oiseau-Vigie, auprès de laquelle vous pourrez vous procurer le livre dont il sera question ce soir, Rino della Negra, footballeur et partisan, que vous pourrez faire dédicacer par son co-auteur.

            L’ANACR, fondée en mars 1945 mais qui ne prendra ce nom qu’en 1952, a été dès le début pluraliste, ouverte à toutes celles et à tous ceux qui s’étaient déjà retrouvés, aux côtés des communistes qui en avaient été les initiateurs, au sein du Front National de Libération et de sa branche armée, les Francs-Tireurs et Partisans Français. Stimuler le travail de mémoire nécessaire pour mieux faire connaître ce que fut réellement la Résistance ; participer aux luttes actuelles contre le fascisme, contre cette « bête immonde » qui partout nous montre de nouveau son hideux visage ; rappeler la grandeur du programme novateur du CNR  proposé en mars 1944 - ce programme que les classes possédantes, soutenues par des forces politiques les plus réactionnaires, ont toujours combattu avec le plus grand acharnement - et en faire la source d’inspiration la plus féconde pour inventer et construire  de nouvelles perspectives démocratiques : voilà les points forts des engagements de l’ANACR, engagements que je vous invite à faire vôtres en nous rejoignant.

            Vous allez vivre une soirée que je dirais volontiers exceptionnelle.

            Exceptionnelle, tout d’abord, par la présence de Jean Vigreux, professeur d’Histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne-Franche-Comté, que je remercie, au nom de l’ANACR, d’avoir accepté de venir évoquer pour nous la vie et le martyre de Rino della Negra et de ses camarades du « Groupe Manouchian » ; Jean Vigreux qui est par ailleurs secrétaire général de la Société d’histoire politique dont le président, Gilles Richard, également professeur d’université, est parmi nous ce soir.

            Exceptionnelle, ensuite, parce qu’elle a lieu moins d’un mois avant le transfert au Panthéon des cendres de Missak Manouchian et de son épouse Mélinée, décision du Président de la République en réponse à une demande de l’association Unité Laïque. Hommage solennel de notre République non seulement au chef militaire des FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans / Main d’Oeuvre Immigrée) de la région parisienne, mais également à tous ses camarades de combat, à tous ces travailleurs immigrés, à tous ces antifascistes étrangers - républicains espagnols, opposants à Mussolini, originaires de différents pays d’Europe - qui, refusant que leur patrie d’accueil soit « profanée » (F.Mauriac) par l’occupant nazi et ses valets de Vichy, ont pris les armes pour participer au combat libérateur aux côtés des autres forces de la Résistance. Hommage solennel de notre République à tous ces « étrangers et nos frères pourtant … qui criaient la France en s’abattant », comme l’écrivait Louis Aragon, le poète de L’Affiche rouge.

            Exceptionnelle, enfin, par la présence, à côté de J.V., d’un autre Jean, Jean Soury, président départemental de l’ANACR, décoré de la Médaille militaire 39-45 et fait Chevalier de la Légion d’Honneur pour avoir contribué, hier, à écrire cette page de notre histoire que l’historien, aujourd’hui, va nous permettre de mieux lire. En effet, quelques jours avant l’exécution de Rino della Negra, Jean Soury, qui venait de fêter ses 17 ans, rejoignait les rangs des FTPF du Limousin, sous le commandement du Colonel Bernard, au Nord Ouest de Limoges, du côté d’Oradour et des "Monts de Blond"., ces Monts Blonds qui seront le théâtre de durs combats entre les FTPF et les troupes d’occupation. Comme le dit le Chant des Partisans : « Ami si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place ». Plus tard, pendant plusieurs années, inlassablement, invité dans de nombreux collèges et lycées du département, Jean, riche de son expérience de partisan et de ses connaissances historiques, animera le nécessaire travail de mémoire auprès des jeunes générations. Cela commande le plus grand respect.

            Il est temps maintenant de laisser la parole à Jean Vigreux.

 

Avant de commencer son  intervention Jean Vigreux  a  souligné que le livre a été écrit avec le concours de Dimitri Manessis  docteur en histoire. Sa thèse portait sur les militants communistes au temps du Front populaire.

Jean Vigreux a  raconté dans les moindres détails  l'histoire tragique  restée inconnue pour le plus grand nombre de Rino Della Negra d'origine italienne qui pour échapper au STO (Service du Travail Obligatoire)  est entré en clandestinité et a rejoint les rangs de la résistance communiste, les Francs-tireurs et partisans français (FTPF) en mai 1943, puis la Main-d'Oeuvre immigrée (MOI).  Rino Della Negra, alias « Gilbert Royer » faisait partie des FTP actifs d'Argenteuil.                                                                                                                                                                       Il avait 20 ans, et quinze ­actions armées à son actif, dont l’attaque à la grenade du siège parisien du parti fasciste italien en juin 1943, alors même qu’il continuait à briller sur les terrains, rejoignant cet automne-là les couleurs du Red Star de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).                                                                                                                        Ce qui est incroyable a précisé Jean Vigreux  « c'est que Rino Della Negra est passé pendant longtemps à travers les mailles des filets des brigades spéciales (BS) ».  Ces brigades  étaient, à la préfecture de police de Paris, pendant la Seconde Guerre mondiale, une police spécialisée dans la traque des « ennemis intérieurs », principalement communistes, rarement dissidents, prisonniers évadés, et réfractaires au STO                                                          Rino Della Negra est arrêté le 12 novembre 1943 lors d'une attaque contre des convoyeurs de fonds.allemands. Martyr de la liberté Rino Della Negra membre du groupe Manouchian est fusillé par les nazis au Mont-Valérien le 21 février 1944.

                                          Exécution du 21 février 1944. Photographie prise par Clemens Rüther.                                        ©  ECPAD - Association des amis de Franz STOCK

Service de propagande allemande, Des libérateurs ? La libération par l'armée du crime !, 1944, France, impression sur papier, 58 cm x 81,5 cm, Musée national de l'histoire de l'immigration, inv. 2018.282.1© EPPPD-MNHI

Après son exposé Jean Vigreux a répondu aux nombreuses questions du public qui souhaitait en savoir plus sur cette incroyable histoire.  S'en est suivi la dédicace du livre " Rino Della Negra. Footballeur et Partisan".

 

Présentation du livre sur le site de la  librairie Libertalia (cliquez ici)

 

 

 

Figure emblématique du club, sa mémoire est régulièrement honorée par les supporters du Red Star, qui ont notamment installé une stèle commémorative à l'entrée du stade. La tribune Première Est du stade Bauer, où se tiennent les supporters les plus fervents du club, est appelée « Tribune Rino Della Negra ».

 

 

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