A l’approche des élections le 12 novembre 1933 en Allemagne, le directeur de la rédaction du journal Gringoire (1) demande à Xavier de Hauteclocque (2), de retourner  " examiner "  de plus près le pays six mois après son retour. Il prend le train pour Berlin.

Xavier de Hauteclocque est devenu l’un des observateurs les plus avertis des premiers temps de l’Allemagne nazie. A son arrivée il découvre une ambiance particulière, il n’y a plus de clochards, ni de prostituées dans les rues. Il décide d’aller à la rencontre des gens dans les rues, dans les cafés afin de sonder l’état d’esprit du peuple voisin.

Il assiste à des scènes hallucinantes. Des hommes en chemises vertes portant brassard avec croix gammée harangue la foule et expliquent aux gens " que s’ils ne votent pas pour Hitler le 12 novembre, ils trahiront leur pays et qu’ils n’auront plus le droit de vivre en Allemagne ".

Ses contacts lui expliquent que les prisons sont pleines et que soixante-huit camps ont été ouverts. De plus ils ne répondent plus à ses sollicitations.

Il sent la propagande autour de la revanche sur la première guerre mondiale, la foule est manipulée par Hitler et ses relais. Sa rencontre avec un professeur de français très attaché à la démocratie l’intrigue ; celui-ci lui  explique son attachement à l’idéologie nazie, comme pour mieux s’en convaincre.

Xavier de Hauteclocque s’aventure dans des lieux où personne n’ose y aller. Il décrit ce que bon nombre de gens préfèrent ignorer.     

On lui raconte comment des enfants ont été manipulés pour intégrer les Jeunesses hitlériennes. Un ami juif lui raconte son arrestation et sa déportation au camp d’Oranienburg avant d'être relâché.  

Xavier de Hauteclocque souhaite en savoir plus sur les camps. Avec l’aide de contacts, il réussit à s’approcher du camp de Dachau. Il aperçoit des alignements de baraques. Il pense qu'il a tout vu. Le chauffeur qui le conduit lui dit « vous n’avez rien vu. C’est ce qui s’y passe qui compte ».

De retour en France Xavier de Hauteclocque écrit " La Tragédie brune " récit de son voyage dans un pays transformé par la politique nazie.

 

 

Dérangeant, par ses écrits, pour les nazis, ceux-ci décident de son élimination. Il est empoisonné lors d'un séjour en Allemagne en février 1935. Rentré en France, il meurt à 38 ans, après trois semaines d'agonie, le 3 avril 1935 rue Labie dans le 17e arrondissement de Paris.

(1) Le journal Gringoire

(2) Xavier de Hauteclocque

"La Tragédie brune" de Thomas Cadène et Christophe Gaultier (Les Arènes)

Ce document  sidérant écrit par Thomas Cadène et illustré par Christophe Gaultier nous fait vivre le reportage de Xavier de Hauteclocque au cœur de l’Allemagne au moment où celle-ci bascule dans le nazisme.  Ce journaliste-reporter s’est approché au plus près de la bête immonde au mépris du danger. Thomas Cadène et  Gaultier nous font vivre avec justesse la montée du nazisme et la transformation de la société allemande civilisée.  Ils ont à travers ce document glaçant, fait sortir Xavier de Hauteclocque de l’anonymat.
Cette BD a toute sa place dans les bibliothèques des collèges et lycées.

 

    

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